Gros actionnaires et PDG : grands gagnants du CAC40

Entre 2009 et 2018, au sein du CAC40, les versements aux actionnaires ont augmenté de 70% et la rémunération des PDG de 60%. Dans le même temps, le salaire moyen des employé.e.s n’a lui progressé que de 20%.

Ces chiffres, issus de notre dernier rapport « CAC40 : des profits sans lendemain ? », illustrent une tendance de fond : le partage des richesses créées au sein des grandes entreprises bénéficie très largement aux actionnaires et aux PDG, au détriment de la revalorisation des bas salaires et de la transition écologique. Pour construire l’entreprise du monde d’après, il est essentiel de lutter contre les inégalités au sein du CAC40 et de porter des mesures ambitieuses.

Actionnaires du CAC40 : des dividendes en quasi-constante progression depuis 2009

2020 devait être une nouvelle année record pour les actionnaires. A la veille de la crise du Covid-19, plus de 60 milliards de dividendes s’apprêtaient à être versés au titre de l’exercice 2019. Si la pression de la société civile et les appels du gouvernement à la modération ont poussé certaines entreprises à diminuer ou annuler les versements, 35 à 41 milliards de dividendes devraient tout de même être versés, malgré cette crise inédite.

Au-delà des replis observés lors des crises de 2008 et 2020, les versements aux actionnaires sont en quasi constante progression ces dernières années. Pour les entreprises que nous avons étudiées, ils ont été multipliés par 2,6 entre 2003 et 2018. En pratique, les montants de dividendes augmentent lorsque les résultats de l’entreprise sont à la hausse. Pourtant, de nombreuses entreprises continuent à verser des dividendes, même en cas de déficit. Un quart des entreprises du CAC40 étudiées ont versé plus de dividendes à leurs actionnaires que l’ensemble des bénéfices générées sur la période 2009-2018. Parmi elles, nous retrouvons notamment Engie qui, depuis 10 ans, a versé 6 fois plus de dividendes qu’elle n’a réalisé de bénéfices !

Ce partage des richesses, qui profite très largement aux actionnaires, est le résultat de choix stratégiques des entreprises. Mais ces choix continuent aujourd’hui d’alimenter un modèle de croissance injuste et dangereux pour la planète.

Les rémunérations explosent chez les PDG du CAC40

Les actionnaires ne sont pas les seuls à profiter de ce partage des richesses inégal. Sur ces dix dernières années, la rémunération des PDG du CAC 40 a augmenté de 60%. En 2018, les patrons du CAC40 ont gagné en moyenne 110 plus que le salaire moyen de leurs salarié.e.s !

Toujours en 2018, un dirigeant du CAC40 avait déjà gagné l’équivalent d’un SMIC annuel le 2 janvier. Le 4 janvier, il avait gagné le salaire annuel moyen d’un.e employé.e du panel.

Ces écarts de salaires vertigineux, qui s’expliquent par l’explosion au fil des ans de la rémunération des dirigeants, cachent toutefois de grandes disparités. Si en 2018, le PDG de Carrefour gagnait 413 fois le salaire moyen de son entreprise, son homologue chez EDF ne gagnait que 9 fois plus. La raison ? La rémunération du PDG d’EDF est plafonnée par la loi, au titre de la participation de l’Etat dans l’entreprise.

Cet encadrement est l’une des mesures que nous portons dans notre dernier rapport, dans l’optique d’un meilleur partage des richesses. Nous appelons notamment à limiter l’écart entre le salaire médian et le plus haut salaire à 20. Cet encadrement est déjà appliqué de manière volontaire par certaines entreprises en dehors du CAC 40 comme la MAIF, qui maintient un rapport maximum de l’ordre de 1 à 20 entre la rémunération la plus basse et la rémunération la plus élevée.

Parmi les PDG les mieux payés du CAC40 en moyenne entre 2009 et 2018, nous retrouvons le patron de Sanofi, sur la première marche du podium, ainsi que Bernard Arnault, PDG de LVMH. Fleuron du CAC40, LVMH est aussi l’une des entreprises championne des écarts de salaires. Sur ces dix dernières années, Bernard Arnault a gagné en moyenne 260 fois le salaire moyen au sein de son entreprise !


Un meilleur partage des richesses au sein du CAC40, essentiel à la transition écologique et sociale

Le modèle économique des entreprises du CAC40 est aujourd’hui une course aux résultats à court terme. La crise du coronavirus a mis en lumière les failles de ce modèle et le constat est sans appel : une transformation profonde est indispensable pour bâtir une entreprise plus durable et plus résiliente. Une entreprise capable de faire face aux impacts de la prochaine crise : celle du changement climatique.

La pression des gros actionnaires obligent les entreprises du CAC40 à prendre en compte un horizon de plus en plus court, au détriment des impacts économiques, sociaux et environnementaux de leur activité. Face à ce constat, il est plus que jamais nécessaire de se dégager du seul objectif de maximisation des profits et d’investir dans la transition écologique.

En 2018, si la part des bénéfices reversées aux actionnaires avait été encadrée à 30%, cela aurait permis de couvrir 98% des besoins des entreprises du CAC40 en investissement dans la transition écologique.

Pour rendre l’entreprise plus juste et plus durable, nous appelons notamment à :

  • Encadrer la part de bénéfices allant aux actionnaires pour financer la transition écologique et sociale.
  • Limiter les écarts de salaires et revaloriser les métiers à prédominance féminine
  • Rendre obligatoire la transition écologique des entreprises en respect de l’Accord de Paris
  • Renforcer la représentation et les pouvoirs des salarié.e.s dans les conseils d’administration.

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