Les milliardaires du carbone

Un nouveau rapport d’Oxfam, Les milliardaires du carbone : les émissions liées aux investissements des personnes les plus riches du monde, montre à quel point l’ampleur des émissions carbone liées aux investissements des milliardaires est colossale.

Les investissements de seulement 125 milliardaires émettent 393 millions de tonnes de CO2 par an, soit autant que les émissions territoriales françaises.

Pour rappel, en mars 2022, Oxfam France et Greenpeace France ont déjà publié un rapport qui montrait que, avec au moins 152 millions de tonnes équivalent CO2 en une année, le patrimoine financier des 63 milliardaires français émet autant de gaz à effet de serre que celui de 50 % de la population française.

Les milliardaires du carbone : les chiffres-clés du rapport

  • Le patrimoine financier de 125 milliardaires a une empreinte carbone équivalente au territoire français.
  • Les milliardaires ont en moyenne 14% de leurs investissements dans des industries polluantes comme l’énergie et les matières comme le ciment : c’est deux fois plus que la moyenne des 500 entreprises de l’indice boursier américain Standard and Poor.
  • Dans les 125 milliardaires étudiés, un seul avait des investissements dans une entreprise d’énergies renouvelables.
  • Moins d’un tiers des 183 entreprises, dont les 125 milliardaires détiennent des participations, étudiées par Oxfam travaillent à avoir des trajectoires de réduction des émissions de GES alignées avec la science. Seuls 16 % ont fixé un objectif de neutralité carbone.

Lire le rapport

 

Milliardaires : des investissements très carbonés… et sous-estimés !

Le rapport d’Oxfam analyse de manière détaillée les investissements de 125 milliardaires les plus riches dans certaines des plus grandes entreprises du monde et les émissions carbone liées à ces investissements. Le constat est sans appel : encore aujourd’hui, les investissements des milliardaires font le choix de soutenir des industries particulièrement polluantes. Plusieurs études ont déjà montré que, contrairement à la moyenne de la population, les investissements des personnes les plus riches du monde sont responsables de 70% de leurs émissions.

Selon le rapport, les milliardaires concentrent en moyenne 14% de leurs investissements dans des industries polluantes, comme les combustibles fossiles et le ciment. Un chiffre deux fois supérieur à la moyenne des investissements dans l’indice de référence boursier américain Standard and Poor 500. Alors que la transformation écologique est un enjeu majeur, un seul milliardaire dans tout l’échantillon a des investissements dans une entreprise d’énergies renouvelables.

Le rapport pointe toutefois le manque de transparence des grandes entreprises, qui sous-estiment systématiquement le niveau réel de l’impact carbone de leurs émissions. L’intégralité des émissions des entreprises n’ont donc pas pu être pris en compte dans l’étude. Dans notre échantillon de 125 milliardaires et 183 entreprises, la moitié ne déclarent pas l’intégralité de leurs émissions de gaz à effet de serre.

Pourquoi les personnes les plus fortunées ont un rôle important à jouer dans la transition écologique et sociale

Les émissions liées au mode de vie ostentatoire des milliardaires (yacht, jet privés, etc.) sont socialement inacceptables, mais ce n’est que la face visible de l’iceberg. En plus, les milliardaires investissent dans des industries particulièrement polluantes. Lorsqu’on s’intéresse à l’impact de leur patrimoine financier alors on change de dimension : leurs émissions sont un million de fois plus élevées qu’un individu moyen.

Si Oxfam s’intéresse aux milliardaires, c’est parce qu’ils détiennent des participations importantes dans de nombreuses entreprises parmi les plus grandes et les plus puissantes du monde, ce qui leur donne le pouvoir d’influencer la façon dont ces entreprises agissent.

Les milliardaires, en tant que particuliers, détiennent d’ailleurs des participations dépassant souvent celles de certaines des plus grandes sociétés de gestion d’actifs du monde qui gèrent les investissements de millions de personnes. Compte tenu de l’ampleur et de la concentration des investissements des milliardaires dans l’économie des entreprises, il est donc tout à fait justifié d’examiner les investissements qu’ils détiennent actuellement et leur impact sur l’environnement.

Les conséquences des changements climatiques reposent sur les plus vulnérables, alors que tout en haut ce sont les plus riches qui alimentent la crise climatique. Nous avons besoin que les milliardaires fixent le problème du dérèglement climatique, et non qu’ils l’alimentent.

L’ampleur de ces inégalités climatiques pose la question du partage de l’effort dans la transition écologique à accomplir, surtout dans une situation où les pays les plus pauvres subissent les risques climatiques alimentés par les émissions massifs des pays du Nord.

Les recommandations d’Oxfam

Afin de répondre à cette situation injuste, il faut rétablir un meilleur partage de l’effort dans la transition écologique. Les États doivent faire davantage pour créer un environnement politique favorable à une transition verte. En amont des délibérations de la COP 27, Oxfam appelle les gouvernements à mettre en place :

  • Des régulations et des politiques qui contraignent les entreprises à suivre une trajectoire de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, basés sur la science.
  • Un ISF climatique, soit une taxe sur la fortune des plus riches et une majoration supplémentaire à taux élevé sur la richesse investie dans les industries polluantes. Cela permettrait de récolter des milliards, qui pourraient être utilisés pour aider les pays à s’adapter aux impacts violents du dérèglement climatique et aux pertes et dommages qu’ils subissent.

Lire le rapport

> Téléchargez la méthodologie

> Téléchargez la base de données

Rapport-Milliardaires-Carbone-Oxfam

Date :

07/11/2022

Auteur :

Oxfam