Incendies en Australie, rappel de l’urgence climatique

Les leçons ont-elles été tirées des feux, typhons et cyclones qui ont touché de nombreux territoires et populations en 2019 ? L’alerte donnée par des millions de citoyennes et citoyens à travers le monde tout au long de l’année, exhortant les décideurs politiques à agir face aux changements climatiques pour sauver notre planète, a-t-elle été entendue ?

On peut en douter quand on voit les images de dévastation qui marquent le début 2020. Des incendies historiques ravagent l’Australie. Les changements climatiques sont à nos portes, et une réalité pour de trop nombreuses personnes. Si nous voulons éviter qu’ils continuent d’impacter les plus fragiles et laissent une planète exsangue, nous avons encore le pouvoir de les faire reculer, en exigeant de nos responsables politiques et économiques qu’ils prennent des mesures à la hauteur de l’urgence.

L’intensification des évènements climatiques en 2019 partie pour se confirmer en 2020

2019, une année record

Si l’on pouvait en avoir le sentiment, la confirmation statistique est tombée il y a quelques jours: d’après le programme européen Copernicus, 2019 a été la deuxième année la plus chaude dans le monde depuis qu’existent les relevés, après 2016.

Les changements climatiques se sont fait sentir de façon plus rapprochée et plus intense, et ont des incidences grandissantes.

Une année 2019 marquée par une succession de catastrophes naturelles de grande ampleur

L’été dernier a été particulièrement dévastateur pour l’environnement, avec des feux de forêts incessants dans le bassin du Congo et en Amazonie, et des températures anormalement élevées en Sibérie, qui ont causé des incendies provoquant la disparition de plus de 12 millions d’hectares de taïga. L’Asie n’a pas été épargnée, avec pas moins de 21 typhons recensés sur l’année passée aux Philippines, et des inondations en Indonésie.

En France, deux épisodes caniculaires ont été enregistrés en l’espace d’un mois, avec des températures atteignant 45.9°C dans le Gard.

Les populations les plus pauvres en première ligne des changements climatiques

En définitive, c’est l’ensemble de notre écosystème qui est impacté par les changements climatiques, et les populations les plus vulnérables qui en paient le prix le plus fort. Les changements climatiques laissent ainsi des millions de personnes sans toit ni vivres pour subvenir à leurs besoins primaires, accentuant les inégalités et la pauvreté.

Comme l’a démontré le rapport « Déracinés par le changement climatique » publié par Oxfam en 2017, les changements climatiques engendrent déjà de multiples bouleversements pour les populations les plus vulnérables dans les pays en développement : augmentation de la faim, détérioration des moyens de subsistance, aggravation des conflits, déplacements, etc.

Une situation injuste puisqu’on estime que les 50% les plus pauvres sont à l’origine de 10% seulement des émissions de CO2 totales liées aux modes de consommation, tandis que les 10% les plus riches sont responsables de 50% de ces émissions. Et que les habitants des pays les plus pauvres ne disposent que de 3 dollars par an pour se préserver des conséquences des changements climatiques.

Les incendies en Australie: une catastrophe historique

Des feux de brousse d’une ampleur historique aux conséquences dramatiques

Le “monstre”, c’est le nom qu’ont donné les Australiens aux terribles feux de brousse qui ravagent leur pays depuis plusieurs semaines. Outre les zones de végétation « classiques », les forêts tropicales ont à leur tour été touchées, ce qui est relativement rare.

80 000 km2 de brousse, zones boisées et parcs nationaux sont ainsi partis en fumée, ce qui correspond à la superficie de l’Irlande, ou à la totalité de la région Nouvelle-Aquitaine en France. Et sur un plan humain et matériel, ce sont 26 personnes qui ont, à l’heure où nous écrivons (janvier 2020), trouvé la mort, ainsi que plus d’un milliard d’animaux. Plus de 2000 maisons ont été réduites en cendres.

Les changements climatiques à l’origine de l’ampleur des incendies

Ce contexte climatique extrême confirme les prédictions des scientifiques concernant les conséquences des changements climatiques : les feux dont souffre actuellement le pays sont causés par la conjonction de facteurs plus fréquents et intenses à mesure que le réchauffement s’aggrave, dont une sécheresse sévère, des vents violents et une baisse des précipitations.

Une situation que connait aussi la France, où l’on enregistre déjà entre 1960 et 2008 une hausse de 18% de la fréquence des feux de forêt, chiffre qui pourrait atteindre les 30% d’ici 2040 selon Météo-France.

Pourtant, en dépit du coût environnemental, humain et financier (probablement plus de 4,4 milliards de dollars australiens de dommages économiques, et plus de 700 millions de dollars de dédommagements des assurances), le gouvernement australien n’est pas à la hauteur.

Les changements climatiques ne connaissent pas de frontières, soyons uni-e-s !

Toutes et tous concerné-e-s par les négligences climatiques

La situation que traverse l’Australie est une preuve supplémentaire de l’aggravation des changements climatiques, mais aussi une confirmation que nous sommes toutes et tous directement concerné-e-s par le dérèglement global des températures. Les changements climatiques affectent les populations les plus vulnérables. Mais ils ne connaissent aucune frontière et sont aujourd’hui une réalité pour toutes et tous. L’ensemble des témoignages recueillis dans le cadre de l’Affaire du Siècle en France en est aussi une preuve.

 

En effet, l’Australie est l’une des plus importantes puissances au monde, mais aussi l’un des plus gros pollueurs (1er exportateur de charbon au monde). Et plutôt que de reconnaitre sa responsabilité en matière d’émissions de gaz à effet de serre, le pays fait figure de frondeur quant à la mise en œuvre de ses engagements.

 

A l’automne dernier, durant la conférence de reconstitution du Fonds vert censé aider les populations les plus impactées à s’adapter aux conséquences des changements climatiques, Oxfam dénonçait déjà le refus de l’Australie d’augmenter sa contribution financière à destination des pays les plus pauvres.

 

Puis à Madrid, durant la COP25, avec d’autres pays riches tels que les Etats-Unis,  l’Australie a tenté par tous les moyens d’entraver l’avancée des discussions et de se soustraire à ses responsabilités.
Pour Lynn Morgain, Directrice générale d’Oxfam Australie : « le gouvernement australien doit établir un calendrier pour l’élimination complète du charbon et des autres combustibles fossiles du système énergétique du pays, y compris le passage à une électricité 100 % renouvelable d’ici 2030. […] Il doit également s’engager à mettre fin à l’exploitation de nouvelles mines de charbon, à passer rapidement des exportations de charbon et de gaz à des exportations propres et à veiller à ce qu’aucun-e Australien-ne ne soit laissé-e pour compte dans la transition vers un avenir à zéro émission ».
Il s’agit de limiter les émissions nocives et préserver les populations les plus fragiles, en particulier les communautés aborigènes, contraintes d’abandonner leur territoire par manque d’eau.

 

Faisons pression ensemble pour que les Etats s’attaquent aux causes profondes des changements climatiques

Si l’année 2019 laisse un goût amer et une image de terre brûlée, elle a été une année victorieuse sur le plan de la mobilisation citoyenne. A l’appel de la jeunesse, ce sont des millions de personnes qui se sont fait entendre aux quatre coins de la planète pour demander aux Etats de respecter leurs engagements en matière de lutte contre les changements climatiques, et de venir en aide aux populations les plus fragilisées.

 

 

2020 – dont le point culminant sera la COP26 à Glasgow – sera une année cruciale pour contrôler le respect des engagements de l’Accord de Paris et obtenir de nouvelles contributions nationales, plus ambitieuses.

 

Pour rappeler l’urgence d’agir face aux politiques climaticides, et ne pas relâcher la pression auprès de nos décideurs, rejoignez-nous pour exprimer votre solidarité à l’Australie et exiger une action mondiale face aux changements climatiques.