Climat : une année de mobilisation pas comme les autres
Les sommes mises à disposition jusqu’à présent ne représentent que l’équivalent de 3 dollars par an pour chaque agriculteur pauvre des pays en développement… Faut-il encore le rappeler ? Lutter contre le changement climatique c’est aussi lutter contre la faim dans le monde !

Le Sommet Climat de l’ONU (COP 21) s’est achevé sur un accord qui constitue un point de départ pour demander davantage de comptes – et d’efforts – aux Etats. Celui-ci n’est cependant pas encore à la hauteur des défis du changement climatique. Si le texte fixe bien l’objectif d’un réchauffement « loin en dessous des 2 degrés », les mécanismes concrets ne sont pas au rendez-vous et les engagements de financement bien insuffisants.

Quant à l’adaptation au changement climatique, dont les effets se font déjà sentir notamment sur la sécurité alimentaire des populations vulnérables, c’est une fois de plus le parent pauvre des négociations. 

Mais l’insuffisance des engagements des dirigeants mondiaux ne doit pas faire oublier que le combat mené jusqu’ici a permis des avancées majeures ! Il est essentiel de mesurer le chemin parcouru ces derniers mois et de maintenir la pression pour les prochaines étapes.

Vers un monde sans charbon

Le sujet ne fait plus débat, il est urgent de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, parmi lesquels le CO2. Première cible : le charbon, responsable de 43 % des émissions mondiales, de loin l’énergie la plus nocive.

Et sur ce plan, la France, hôte de la COP n’a pas un bilan très vert : alors que le charbon ne représente que 4% des sources d’énergies en France, les banques françaises ont ensemble représenté le 4è plus gros financeur du charbon dans le monde entre 2005 et 2014.

Devant ces faits accablants, nous nous sommes mobilisés dès le début de l’année, pour faire pression sur les banques françaises et leur demander de cesser de soutenir le secteur du charbon. Pas question pour autant de dédouaner l’Etat, qui se doit de cesser lui aussi tout soutien au charbon et de jouer un rôle moteur dans la transition énergétique, que ce soit via ses propres subventions, ou son rôle d’actionnaire principal ou majoritaire dans des grandes entreprises.

Notre pression, menée avec de nombreuses organisations partenaires, a porté ses fruits :

  • Le 10 septembre, la France a annoncé la fin des soutiens publics aux centrales à charbon, une première mondiale !
  • En mai, nous avons obtenu une grande victoire pour plus de transparence ! La loi de transition énergétique votée par le Parlement oblige les banques à publier leur empreinte carbone… Affaire à suivre lors des premières publications !
  • C’est en mai également que le Crédit Agricole s’est engagé à ne plus soutenir ni mines à charbon ni exploitants de ce secteur !
  • En octobre, Natixis a annoncé la fin de tout financement de projets à des centrales électriques au charbon et de mines de charbon thermique dans le monde. Sa nouvelle politique oblige également la banque à renoncer à financer les sociétés dont l’activité repose à plus de 50% sur l’exploitation de centrales électriques au charbon ou de mines de charbon thermique !
  • En octobre, Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, a promis qu’Engie, ex-GDF-Suez, dont l’Etat français est actionnaire à 33 %, allait « programmer la fin des investissements dans le charbon ». En juin déjà, sous la pression citoyenne, Engie s’était retirée d’un projet très controversé de centrale en Afrique du Sud.
  • Enfin, en novembre, à quelques jours de la COP, la Société Générale et BNP Paribas ont annoncé une timide réduction de leurs financements au charbon. Un premier pas insuffisant mais preuve de l’impact de la pression citoyenne !

Ces victoires, ce sont les vôtres : grâce à vous, nous avons les moyens de mettre la pression sur les pouvoirs politiques et économiques !

Une mobilisation citoyenne à la hauteur des enjeux

Aucune de ces victoires n’aurait été possible sans vous ! Juste avant le coup d’envoi de la COP, nous avons pu remettre à François Hollande notre pétition regroupant 1,3 million de soutiens pour un accord climatique ambitieux, qui garantisse le financement de l’adaptation des populations les plus pauvres ! C’est une de nos héroïnes climatiques, venue du Zimbabwé, Ipaishe Masvingise, qui a elle-même remis la pétition au président de la République.

Votre mobilisation en ligne a battu des records avec plus d’un demi-million de likes, partages, retweets… pour notre action #LikeTaPlanète, interpellant François Hollande sur les réseaux sociaux. Vous avez également été plus de 25 000 à tourner votre regard sur Paris et sur la COP21 pour montrer aux dirigeants mondiaux que nous les avons à l’oeil !

Entre février et juin, grâce à votre mobilisation plus de 35 000 cartes et e-mails d’interpellation ont été envoyés aux parlementaires, aux banques françaises et aux dirigeants d’EDF et Engie (ex-GDF Suez) ! BNP-Paribas, la Société Générale, le Crédit Agricole, le groupe Banque Populaire-Caisse d’Epargne et le Crédit Mutuel ont eux aussi reçu des milliers d’e-mails, que vous leur avez envoyés depuis la plateforme Fair Finance France.

Et vous vous êtes aussi mobilisé-e-s dans la rue et ce tout au long de l’année pour renforcer le mouvement pour la justice climatique ! Vous avez été nombreux et nombreuses à participer aux actions proposées par nos groupes locaux, notamment lors d’étapes du Tour Alternatiba, à venir grossir les rangs des chaines humaines le 29 novembre, à participer au Village mondial des Alternatives le premier week-end de décembre, et à montrer que le mouvement pour la justice climatique s’inscrit dans la durée le 12 décembre. Même si nous n’avons pas pu marcher en France dans le monde, plus 500 000 personnes ont marché pour le climat !

Vous avez été au rendez-vous ! Merci !

Et maintenant ?

Tout au long des négociations climatiques, en amont de la COP et bien sûr, plus intensivement au cours des deux semaines de la COP, nous avons poussé pour obtenir un accord ambitieux. Nous avons rappelé sans relâche, chiffres et études à l’appui, que lutter contre le changement climatique, c’est lutter contre la faim, la pauvreté et les inégalités.

Il est urgent pour les pays riches d’assumer leur responsabilité de pollueurs historiques, et de mettre sur la table les sommes nécessaires pour permettre l’adaptation des plus pauvres aux conséquences du changement climatique.

Déjà, le 11 décembre, nous avons obtenu une victoire majeure pour le climat face au lobby bancaire : les parlementaires français ont élargi la taxe sur les transactions financières (obtenue sous la pression de la société civile en mars 2012) et ont confirmé son allocation à hauteur de 50 % pour le climat. Prochaine étape : la taxe européenne, pour laquelle un accord devrait être trouvé en juin 2016.

Nous continuerons de porter la voix des populations les plus vulnérables, celles-là même qui sont les moins responsables du changement climatique mais sont déjà les plus impactées : la moitié la plus pauvre de la population – environ 3,5 milliards de personnes –, qui vit dans les pays les plus vulnérables au changement climatique, est responsable de seulement 10 % environ des émissions de CO2 mondiales totales dues à la consommation individuelle !

Face à ces injustices insupportables, Oxfam continuera dès maintenant, et avec vous, ce combat pour les populations les plus vulnérables !