“La COVID-19 a tout changé” : des femmes réfugiées racontent leurs vies en temps de pandémie

Derrière le bilan économique et social mondial de la crise de la COVID-19, les conséquences de la pandémie ne sont pas les mêmes partout. Les personnes déplacées et réfugiées, contraintes de fuir la guerre, les violences et les persécutions, sont en première ligne. Elles doivent faire face aux difficultés d’accès à des services de santé ou des équipements d’hygiène, pour se laver les mains notamment, et ainsi se protéger et protéger les autres du coronavirus. Cinq femmes réfugiées racontent leur quotidien.

Le dernier rapport du Haut Commissariat aux réfugiés a révélé, cette année encore, une triste réalité  : le nombre de personnes déplacées de force a de nouveau augmenté entre 2018 et 2019. Il atteint un triste nouveau record : 79,5 millions de personnes. Parmi elles, on dénombre entre 30 et 34 millions d’enfants, dont des milliers de mineurs isolés.

Aujourd’hui, 1% de l’humanité est déracinée.

Oxfam travaille à travers le monde avec les communautés et les organisations locales, avec des associations crées par des personnes réfugiées et notamment des femmes. Avec elles, Oxfam agit de concert pour endiguer la propagation de l’épidémie,  notamment au sein des communautés les plus vulnérables, et s’assurer que les besoins les plus essentiels, en nourriture, en produits d’hygiène, sont assurés.

A l’occasion de la Journée mondiale du réfugié, le 20 juin 2020, Oxfam a donné la parole à 5 femmes, vivant aujourd’hui en Grèce et en Italie. Elles nous racontent la manière dont elles ont fait face à la pandémie. Leurs témoignages nous dit un peu de la force dont elles font preuve, pour toujours agir et garder espoir au cœur de la crise.

Le centre Bashira, sur l’île de Lesbos, un îlot de force pour les femmes déplacées

Sara est une des nombreuses femmes migrantes vivant aujourd’hui dans le camp de Moria, sur l’île de Lesbos (Grèce). Elle nous parle de son expérience au sein du centre Bashira pour les femmes déplacées. Ce lieu l’aide à rester forte, malgré les conditions de vie dans le camp de Moria.

« Je me suis retrouvée à devoir passé toutes mes journées allongée dans une petite tente, dans l’humidité », Sara

« Cela fait déjà 4 mois que j’attends dans le camp. Les mesures mises en place face à la pandémie de la COVID-19 m’ont fait me sentir encore plus isolée, abandonnée, enfermée et sale. Je me suis retrouvée à devoir passé toutes mes journées allongée dans une petite tente, dans l’humidité.

Avant la pandémie, je me rendais tous les matins au centre Bashira, un centre de soutien pour les femmes à Lesbos. Là-bas, j’avais la possibilité de prendre un bain chaud, de rencontrer des gens, partager une tasse de thé. J’avais également des cours d’anglais et de grec. Et je pouvais faire ce que j’aime le plus : du sport.

Désormais, pour me protéger de la COVID-19, je reste dans ma tente autant que possible. Je sors seulement lorsque cela est vraiment nécessaire, et je me lave les mains à chaque fois que je reviens.

Le centre Bashira est vraiment très important pour moi. J’espère vraiment qu’un traitement ou qu’un vaccin contre la COVID-19 sera trouvé. Comme ça, le centre Bashira pourra rouvrir, ainsi que le service de demandes d’asile. »

Le centre Bashira accueille les femmes réfugiées sur l'île de Lesbos, en Grèce. Il a du être fermé pendant la pandémie de COVID-19.
Le centre Bashira accueille les femmes migrantes sur l'île de Lesbos, en Grèce. Il a du être fermé pendant la pandémie de COVID-19.

Pour les personnes réfugiées, la COVID-19 a bouleversé leur vie

Lydia est elle-aussi une réfugiée, piégée dans le camp de Moria en Grèce. Elle nous explique la manière dont elle a réussi à se protéger face à la pandémie : «j’ai peur de bouger librement pendant que les gens meurent.»

« La COVID-19 a tout changé dans ma vie », Lydia

« Pour assurer ma sécurité et celle de ma communauté, je respecte les règles d’hygiène : j’utilise du savon et de l’eau quand ils sont disponibles, je porte mon masque, je reste à 1 mètre des autres.

Pour moi, le savon représente la force de l’hygiène. »

Oxfam travaille, en lien étroit avec des partenaires locaux, sur l’île de Lesbos (Grèce), afin de soutenir les populations qui y vivent : accès à l’informations, accompagnement dans leur demande d’asile, soutien aux femmes migrantes en leur fournissant des lieux sûrs, et en les accompagnant. Le camp de Moria est l’un des « hotspots » mis en place par l’Union européenne, dans le cadre de sa politique migratoire. Oxfam n’a de cesse de dénoncer les conditions de vie au sein de ces camps et la politique européenne qui rend de telles réalités possible au coeur même de son territoire.

En Italie, les femmes réfugiées font face à toutes les crises

Face à la crise, agir à son niveau

Wafaa a fui la Syrie et vit maintenant en Italie. Pendant l’épidémie de coronavirus, elle répare des uniformes d’infirmières et de médecins. A l’occasion de la Journée mondiale du réfugié, elle témoigne de l’impact de la crise du coronavirus sur sa vie.

« Je suis heureuse de pouvoir aider, à mon niveau, ma nouvelle communauté pendant cette période difficile », Wafaa

“Avant mars, une routine rythmait ma semaine : travailler dans l’atelier de couture, suivre des cours d’italien, rendre visite à ma famille, et marcher le long de l’Arno.

Les premiers jours du confinement ont été durs. Je suis restée à la maison et j’ai fabriqué quelques maques pour moi et ma famille. J’ai évité de sortir trop souvent. Oxfam nous a fourni des produits d’hygiène qui nous ont été à lutter contre le risque de contamination.

Maintenant, je vais travailler deux fois par semaine. Je répare des blouses de médecins, d’infirmières, et d’autres vêtements pour l’hôpital local. Je suis heureuse de pouvoir aider, à mon niveau, ma nouvelle communauté pendant cette période difficile.

Mon travail m’aide à rester forte. Ma foi aussi. J’espère un jour pouvoir retrouver ma vie d’avant. Et j’espère toujours que ma famille, mes ami-e-s, resteront en sécurité et en bonne santé. »

Wafaa, réfugiées syrienne en Italie, répare des blouses pour les médecins et infirmier-e-s. Sa manière à elle d'agir au coeur de la pandémie de COVID-19.
Wafaa, réfugiées syrienne en Italie, répare des blouses pour les médecins et infirmier-e-s. Sa manière à elle d'agir au coeur de la pandémie de COVID-19.

L’espoir de retrouver une vie normale

Helena est réfugiée en Italie. Aujourd’hui, elle trouve des sources de bonheur dans toutes les petites choses du quotidien.

« J’ai traversé tant de choses très difficiles, je peux surmonter celle-là aussi », Helena

« Je me réveille le matin avec la peur de tomber malade et de contaminer mes enfants. Nos vies ont soudainement changées. Pour rester en bonne santé, protéger mes enfants, nous suivons toutes les recommandations médicales : se laver les mains, porter un masque, garder une certaine distance entre nous.

Malgré cela, il y a de beaux moments: après le travail, je peux profiter toute la journée de jouer avec mes deux enfants. Dans mon temps libre, nous nous promenons dans la campagne où il n’y a personne.

Je me donne de la force. Je me dis: j’ai traversé beaucoup de choses très difficiles, je peux surmonter celle-là aussi ! J’ai un potager avec des plantes et des fleurs. Cela me rend heureuse, c’est mon coin de paradis.

J’espère que le virus finira par disparaître pour toujours. J’aimerais retrouver une vie normale : que mes enfants retournent à l’école et qu’ils puissent revoir leurs amis. J’aimerais vraiment pouvoir aller au travail sans la peur au ventre. »

Avec la pandémie, la vie s’arrête, les projets aussi

Mariama est une réfugiée guinéenne, vivant en Italie. A l’occasion de la Journée mondiale du réfugié, elle décrit les conséquences de la pandémie du coronavirus dans sa vie.

« Je commençais à chercher un emploi et je voulais aussi passer mon permis de conduire. Le confinement a rendu tout cela impossible », Mariama

« Rester à la maison, sans rien avoir à fait du tout, est vraiment très dur. Lorsque la pandémie a commencé, je venais tout juste de terminer mes cours. Je commençais à chercher un emploi et je voulais aussi passer mon permis de conduire. Le confinement a rendu tout cela impossible.

C’est très important de respecter les mesures d’hygiène pour endiguer la maladie. Je connaissais quelques-unes de ces règles, car j’ai été témoin de l’épidémie Ebola en Guinée. J’évite les contacts avec les gens, je porte un masque lorsque je sors et je me lave les mains lorsque je rentre.

J’espère trouver un travail et un appartement. En attendant, prier me donne de la force. »

Grâce à vous, Oxfam est mobilisée pour soutenir les populations les plus fragiles face au coronavirus

Nous travaillons avec nos partenaires sur le terrain pour sauver des vies et réduire les risques. Grâce à votre soutien, nous nous employons à aider les personnes qui ont tout perdu, afin qu’elles puissent recevoir immédiatement des biens de première nécessité.

 

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