L’upcycling : l’art de donner une deuxième vie à ses vêtements.

Depuis plusieurs années, l’upycling ne cesse de se développer et tend à se démocratiser. Cette pratique créative qui revalorise des textiles en des vêtements ou objets de qualité supérieure est un moyen concret de privilégier une mode plus responsable ! On fait le point sur cette notion plus que jamais d’actualité, qui mêle écologie et circularité, avec la créatrice Céline Dupuy.

L’upcycling :  réparer et customiser ses vêtements pour une mode durable

L’upcycling, ou « surcyclage » en français, est une pratique créative qui promeut une mode circulaire et écologique. Le principe est simple : récupérer des vêtements, des chutes de tissus, des rideaux… ou toute matière textile qui ne sert pas ou plus, pour leur donner une nouvelle vie. L’objectif est de créer une nouvelle pièce, complètement différente et de valeur supérieure. Ainsi, plusieurs jeans abimés peuvent être coupés, customisés et assemblés pour devenir une veste originale ; une ancienne nappe être transformée en jupe ; une robe trop petite se changer en top… les possibilités sont infinies et c’est ce qui fait le charme de l’upycling ! C’est une démarche qui permet de libérer sa créativité. Loin des standards de la fast fashion, il est possible de créer des pièces uniques pour un look s’affranchissant de la course aux nouvelles tendances et de cette logique de surconsommation à grande échelle.

Rencontre avec Céline Dupuy créatrice d’upcycling

Designer textile, créatrice DIY et auteure de « 100% Jean » (éditions Marabout), Céline Dupuy œuvre depuis plus de 20 ans pour la mise en lumière d’une mode durable, circulaire et créative. A l’aide de sa vision artistique, de ses mains, et d’une machine à coudre, elle créée, recycle et magnifie d’anciens denims pour les transformer en pièces uniques. Partez à la rencontre de cette créatrice upcycling, qui a choisi de faire du réemploi du jean sa marque de fabrique et découvrez son histoire, son travail et ses conseils pour une garde-robe stylée et responsable.

Crédit : Nathalie Baetens
Crédit : Nathalie Baetens

Comment en êtes-vous arrivée à vous intéresser l’upcycling ?

« Je tiens ça de mon histoire et de ma culture familiale : à la maison, on ne jetait rien, on réparait. Et je ne parle pas seulement du tissu : ça pouvait être un meuble, du linge de lit, des accessoires de mode… j’ai toujours été dans une démarche de préservation et de réutilisation. Quand, après avoir fini mes études spécialisées dans le textile à l’école Duperré, j’ai travaillé pour des magazines comme Marie-Claire Idées ou Le Figaro Madame, je me suis vite rendue compte que la presse était demandeuse de sujets sur la transformation d’objets. A l’époque, on ne parlait pas encore d’upcycling, mais de récup’ ou de customisation d’objets.

Il y a 15 ans, lorsque je suis tombée enceinte de mon fils, je me suis demandée ce qu’il était possible de faire à mon échelle, pour préserver son avenir et aussi celui de la planète. Progressivement, je me suis concentrée sur la couture, et j’ai choisi de transmettre ce savoir-faire oublié que les gens peuvent se réapproprier si elles et ils le souhaitent. C’est une activité utile, qui rend heureux·se et qui mêle écologie et démarche artistique. »

Pouvez-vous nous expliquer la différence entre recyclage et upcycling ?

« Le recyclage, c’est le fait de collecter puis de transformer des vêtements en nouvelles matières ou en nouveaux habits, par un procédé mécanique, qui implique souvent une transformation chimique. Par exemple, c’est le fait de récupérer des t-shirts pour en faire des matériaux isolants pour les habitations. Les matières peuvent aussi être effilochées, retravaillées et réutilisées pour créer un nouveau vêtement. Cela n’est pas toujours sans impact écologique.

La réutilisation, c’est le fait de porter un vêtement après quelqu’un d’autre. Acheter un vêtement dans une friperie, donner un pantalon à la petite sœur ou au petit frère, c’est un acte circulaire, c’est une forme de réemploi. Quand on fait un ourlet, quand on pose un patch ou des coudières, par exemple, on fait de la réparation.

Avec l’upcycling, on recycle par le haut. C’est une démarche artistique qui nécessite une certaine sensibilité, un savoir-faire et aussi de la joie, car je pense que l’on rend les choses plus belles quand on les fait avec plaisir. C’est le cas de marque comme Les Récupérables, Resap, Renaissance ou encore de ma propre marque, atelier Céline Dupuy. »

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« Avec l’upcycling, on recycle par le haut »

« Avec l’upcycling, on recycle par le haut. C’est une démarche artistique qui nécessite une certaine sensibilité, un savoir-faire et aussi de la joie, car je pense que l’on rend les choses plus belles quand on les fait avec plaisir. C’est le cas de marque comme Les Récupérables, Resap, Renaissance ou encore de ma propre marque, atelier Céline Dupuy. »

 

Pourquoi avoir choisi de travailler plus spécifiquement la matière jean ?

« Le jean, c’est la matière universelle par excellence. Tout le monde en porte, et tout le monde a dans ses armoires des jeans qui ne servent plus. Le jean, c’est d’abord un tissage, une « armure sergé », une sorte de codification graphique qui amènent les fils blancs et bleus à s’entrecroiser. Petit à petit, je me suis mise à « dépecer » mes jeans, je me suis plongée dans la matière, dans les détails de leur confection. J’ai appris à aimer les imperfections du tissu. Par exemple, les fils qui dépassent, certains vous diront que ça fait sale ; pas moi. Au contraire. Je trouve que cela apporte de la poésie, de la personnalité, une singularité que le vêtement n’avait pas au moment où il est sorti de l’usine : il a vécu et commence sa deuxième vie. »

Crédit : Nathalie Baetens
Crédit : Nathalie Baetens

Faut-il arrêter d’acheter des jeans neufs ?

« Je ne dis pas cela : il est aujourd’hui possible de produire des jeans de manière quasiment irréprochable. C’est ce que fait par exemple la marque « 1083 », une société française qui travaille en circuit court selon le principe de slow fashion, et qui fabrique certains de ses jeans avec du coton recyclé. Quand, après la guerre, les matières synthétiques sont arrivées sur le marché français, l’industrie textile française n’a pas été longue à s’effondrer. Elle est en train de renaitre, mais il faut lui laisser le temps de se développer. Un écosystème viable avec des agriculteurs·rices pour produire du lin et du chanvre, des tisserand·e·s pour fabriquer la toile et des façonnier·e·s pour fabriquer les vêtements : j’y crois vraiment ! »

« Aujourd’hui, en tant que consommateur·rice, on peut apprendre à acheter moins de vêtements, et de meilleure qualité. Nous pouvons aussi faire le choix, en complément de la seconde main, apprendre à entretenir, réparer, coudre, raccommoder, repriser et se réapproprier nos vêtements. »

Découvrez nos conseils pour une mode éthique

L’upcycling rend-il heureux·se ?

« Parfaitement ! C’est agréable de travailler avec ses mains, de fabriquer, de transformer des objets, de les customiser… C’est un excellent moyen pour développer sa créativité, de rêver concrètement. Il faut parvenir à trouver le bon équilibre, pour arriver à quelque chose qui saura satisfaire votre œil. La première étape, c’est d’identifier vos goûts, ce qui vous plaît esthétiquement. Ensuite, il faut acquérir la technique. On peut rapidement développer de premiers rudiments de couture et ainsi commencer à s’amuser en personnalisant ses vêtements ou en créant de nouvelles pièces. En trois heures, vous pouvez apprendre à vous servir d’une machine à coudre pour réparer et transformer vos vêtements. En trois cours, vous pouvez fabriquer un nouveau sac à partir de vos vieux jeans. C’est magique ! »

Découvrir l’univers de Céline Dupuy

L’upcycling dans les magasins solidaires Oxfam France 

Crédit : Patience Priso

Chez Oxfam France, nous pensons que l’upcycling est un moyen concret de promouvoir une mode plus responsable. C’est pourquoi, depuis déjà plusieurs années, nous proposons dans nos boutiques solidaires des marques d‘upycling à petit prix. Par exemple, en 2021 notre boutique parisienne Le Dressing a accueilli la marque « Les Récupérables » qui revalorise le linge de maison, les fins de rouleaux, les vêtements de travail…en des pièces uniques et limitées.

En plus de proposer des marques éthiques à petit prix, la démarche est écologique et solidaire. Écologique car les marques partenaires font don à Oxfam France d’articles invendus, ensuite revendus dans les boutiques de l’association, ce qui évite le gaspillage. Solidaire car chaque achat réalisé en boutique permet de financer les actions de l’ONG contre les inégalités et la pauvreté.

Oxfam France propose également dans ses boutiques des vêtements fabriqués par des marques éthiques et aussi de la seconde main à petit prix, afin de rendre accessible la mode responsable et lutter concrètement contre les conséquences environnementales et sociales de l’industrie du textile.

Découvrir les boutiques solidaires Oxfam France

Le glossaire de l’upcycling :

  • Armure : mode d’entrecroisement des fils lors du tissage d’un tissu.
  • Ajuster : réaliser des coutures à la main ou à la machine, pour qu’un vêtement soit au plus proche de vos mensurations
  • Croper : couper un top dans sa hauteur pour le raccourcir
  • Fiter : ajuster un vêtement en le travaillant sur la largeur
  • Mensurations : mesures principales de parties du corps (tour de poitrine, tour de taille, le tour de hanche, hauteur).
  • Patcher : coudre à la main ou à la machine une pièce de tissu ronde, ou rectangulaire par superposition sur le tissu d’origine pour cacher un trou
  • Raccommoder (mending en anglais) : restaurer la durabilité d’un vêtement. Il s’agit de réparer une couture décousue partiellement.
  • Recoudre : coudre à la machine une couture d’origine décousue
  • Repriser : réaliser un tissage de fil à la main, pour reprendre et solidifier un trou
  • Sergé : tissu produit avec l’une des trois armures principales de tissage appelée le sergé. Sa caractéristique des côtes obliques sur l’endroit et l’envers.
  • Visible mending (réparation visible en français) : réparer ses vêtements en rendant visibles les coutures décoratives et esthétiques.