S’alimenter de façon saine, durable et respectueuse : recette citoyenne

Saviez-vous qu’en moyenne, l’alimentation représente 24% de l’empreinte carbone d’un.e Français.e ? Que les agriculteurs ne perçoivent que 6% de la valeur totale de l’alimentation, une fois déduits leurs coûts de production ? L’alimentation n’est pas seulement une question de santé et de bien-être individuel. Elle est aussi un enjeu majeur de lutte contre les inégalités socio-économiques et les dérèglements climatiques.

 

Pollution environnementale, effondrement de la biodiversité, inégalités d’accès à l’alimentation, perte nutritionnelle, appauvrissement des petit.e.s producteur.trice.s… : derrière notre assiette se cachent les dommages causés par le système agricole et alimentaire actuel sur notre environnement, notre alimentation et nos modes de vie.
Il est impératif d’engager une transformation en profondeur de ce système afin de garantir une plus grande égalité tout au long de la chaîne de la production alimentaire, tout en respectant notre planète et notre droit à une alimentation saine et durable.

Un système agricole et alimentaire qui creuse les inégalités

Le système agricole et alimentaire actuel n’a pas échappé au phénomène de mondialisation et d’ultra-libéralisation des échanges des dernières décennies. Construit sur une logique capitalistique, il se caractérise par une forte concentration des agro-industries au détriment des agricultures familiales et paysannes, ainsi que par une focalisation sur l’augmentation des rendements qui entraîne une dépendance croissante aux énergies fossiles et aux intrants chimiques.

Ce modèle, où pouvoir et richesses sont détenus par une poignée d’acteurs qui contrôlent les marchés, est source d’inégalités sociales et économiques criantes. Il réduit le pouvoir de négociation des petit.es producteur.trice.s face à la puissance des acheteurs (supermarchés, gros acteurs de l’industrie agro-alimentaire), tandis que les travailleur.euses des chaînes d’approvisionnement ne sont pas rémunéré.es à un salaire décent, à commencer par les femmes, particulièrement exposées.

Cette situation conduit à un paradoxe : les millions de femmes et d’hommes qui produisent la nourriture que nous consommons vivent dans la pauvreté et souffrent de la faim, tandis que l’industrie agro-alimentaire engrange toujours plus de bénéfices.

Chiffres-clés

1 % des exploitations agricoles du monde contrôlent plus de 70 % des terres agricoles (1) tandis que 50% des producteurs agroalimentaires réalisent la moitié des ventes alimentaires globales (2).

Moins de 13% des femmes dans le monde possèdent leur propre terre. En France, elles ne représentent que 24% des responsables d’exploitations agricoles.

Les supermarchés et les intermédiaires (grandes marques, négociants) captent à ceux seuls près de 90% du prix final payé par le consommateur, ne laissant que 6,5 % en moyenne aux travailleurs et aux producteurs (3).

De la fourche à la fourchette : un système qui alimente la crise climatique

Bourreau du climat, le système agricole et alimentaire est aussi victime de ses dérèglements. Jusqu’à 37% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiaux (4) lui sont imputables, chiffre qui recouvre toutes les étapes allant de la production de nos aliments à leur transport et leur transformation, et comprenant aussi les pertes et le gaspillage alimentaire.

En outre, l’agriculture industrielle, par son utilisation massive d’eau et d’intrants chimiques (pesticides, herbicides, fongicides, engrais), contribue à la déforestation, à l’épuisement des ressources naturelles, à la pollution des sols et des eaux et à la perte de la biodiversité cultivée et sauvage, animale et végétale.

A l’inverse, ce système subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique : sécheresses, canicules, inondations etc.  Ces phénomènes climatiques extrêmes peuvent occasionner des pertes de récoltes, appauvrir les sols, décimer le bétail et entraîner une augmentation des prix. Et ce sont les populations les moins responsables qui en sont les premières victimes, notamment les agricultrices qui vivent du travail de la terre.

Si l’on ne change pas de modèle, les émissions du système agroalimentaire pourraient augmenter de 30 à 40% d’ici 2050 (5).

En Europe et en Amérique du Nord, 280 kg de produits alimentaires sont jetés en moyenne par an et par personne entre la ferme et l’assiette (6).

À cause des sécheresses plus intenses et fréquentes, le GIEC estime que le prix de certains aliments pourrait augmenter de 23% dans les 30 prochaines années.

Malnutrition, obésité, faim dans le monde : un système qui met en péril la sécurité alimentaire

Non seulement notre système agricole et alimentaire ne parvient pas à rémunérer les plus petits acteurs qui produisent, qui transforment et qui vendent, mais il ne parvient pas non plus à nourrir l’ensemble de la population.

Malgré une production mondiale abondante, entre 720 et 811 millions de personnes n’ont toujours pas suffisamment à manger et 3 milliards de personnes n’ont pas les moyens d’acheter une nourriture saine et diversifiée (7). L’obésité continue de croître pour concerner en 2016 13,2% des adultes dans le monde.

Cette pandémie de la malnutrition n’est pas nouvelle, mais elle s’accroît de plus en plus, et touche principalement les populations en situation de précarité.

Changer nos modes de production et nos habitudes alimentaires, c’est possible !

La production de notre alimentation ne doit pas se faire au péril de notre planète ni au détriment des personnes qui cultivent, transforment et vendent les aliments que nous consommons. Il est urgent de changer de cap et de repenser en profondeur nos modes de production agricole et de distribution alimentaire, dans le respect de la nature et de l’humain.

Sur ce plan, l’agroécologie représente une alternative gagnante vers un modèle agricole plus respectueux de notre planète, plus équitable et plus durable.

Mais chacun.e d’entre nous peut aussi, en s’emparant du contenu de son assiette, défendre par son action individuelle et par une mobilisation collective son droit à s’alimenter de manière saine, durable et juste.

Les moyens d’agir pour une alimentation saine, durable et responsable

S’informer

Il est plus facile d’agir lorsque l’on sait d’où on part. Vous pouvez par exemple commencer par mesurer l’impact de votre alimentation sur votre empreinte carbone, ou bien encore jouer en famille avec des jeux comme le carbonomètre alimentation. Vous pouvez également vous informer sur le fonctionnement et les conséquences de notre modèle agroalimentaire en consultant nos rapports.

Privilégier le bio, les circuits courts et le commerce équitable

S’approvisionner en aliments locaux et de saison permet de réduire les coûts environnementaux (moins de transports) et a aussi des bénéfices socio-économiques considérables (plus de débouchés, moins d’intermédiaires voire possibilité de vente directe pour les producteurs).

Vous pouvez vous renseigner sur les circuits de distribution en consultant des sites comme celui de Bio consom’acteurs ou en vous informant auprès de votre tissu local (associations, collectifs) et vous approvisionner chez vos producteurs locaux et auprès d’AMAP.

Le commerce équitable, une solution pour garantir des prix décents

Le commerce équitable peut être défini comme un partenariat commercial dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète.

Parmi les grands principes du commerce équitable, on peut citer : des prix rémunérateurs pour les producteurs, basés sur les coûts de production et une négociation équilibrée ; la transparence et la traçabilité des filières ; la sensibilisation des consommateurs à des modes de production socialement et écologiquement durables.

Plusieurs labels et certifications associés existent, permettant au consommateur d’identifier les produits issus du commerce équitable. Vous pouvez trouver plus d’explications sur ces labels sur la page de Commerce Equitable France.

Changer ses habitudes alimentaires

Retrouver une diversité dans notre alimentation est essentiel pour notre nutrition et pour la préservation de la biodiversité. En effet, au niveau mondial, notre alimentation repose sur 3 espèces animales (bovins, porcins et volailles) et 3 espèces cultivées (riz, maïs et blé) qui apportent à elles seules la plupart des calories des régimes alimentaires humains (8).

Un autre enjeu recouvre notre consommation de viande, trop importante, et qui devrait, selon les projections de l’OCDE et de la FAO, augmenter de 15% dans les dix prochaines années. Or, l’élevage industriel est extrêmement polluant. Accompagné de modes de consommation excessifs, il accélère les tendances actuelles d’épuisement des ressources naturelles et d’accroissement des inégalités face à l’accès à l’alimentation et la lutte contre le changement climatique.

S’engager

Après avoir passé à la loupe vos propres comportements, n’hésitez pas à vous engager à plus grande échelle pour avoir encore plus d’impact. Partagez nos communications sur les réseaux sociaux, engagez-vous en tant que bénévole, militez localement auprès de groupes locaux pour sensibiliser le grand public aux problématiques alimentaires et agricoles, prenez part à des actions d’interpellation en ligne, effectuez un don afin de financer notre travail d’influence auprès des décideurs politiques, ou encore mobilisez-vous dans les rues, à l’occasion d’événements sportifs, devant nos institutions lorsque les messages à porter doivent être visibles de tous pour un plus grand impact.