Pour agir contre les inégalités, Oxfam bouscule le G7

Le G7, présidé cette année par la France, se réunissait du 24 au 26 août à Biarritz. Il était précédé d’un contre-G7 à Hendaye et Irun, organisé par 80 organisations de la société civile dont Oxfam, afin de porter des alternatives et des solutions concrètes à la crise des inégalités et à l’urgence climatique et sociale. Oxfam France et l’ensemble de la confédération Oxfam se sont mobilisées, sur tous les plans, avec un objectif : que ce G7 consacré aux inégalités passe des discours aux actes. Sensibilisation et mobilisation, travail média, plaidoyer et décryptage : Oxfam a déployé toute son énergie pour montrer ce que le pouvoir citoyen peut réaliser.

Retour sur une semaine de mobilisation et de plaidoyer

Cette semaine montre à elle-seule l’importance de l’action d’Oxfam pour défendre le rôle et la voix de la société civile, sa force pour faire connaître au plus grand nombre, par le biais des médias, les enjeux réels et les actions nécessaires pour répondre à la crise des inégalités et à l’urgence climatique.

Au G7, Oxfam a montré sa capacité à donner de la voix pour inscrire ses sujets dans le débat politique, en tant qu’ONG experte sur les inégalités. Elle a aussi investi de nombreux espaces alternatifs pour incarner l’un des nombreux visages de la grande mobilisation citoyenne du Contre-G7, donnant corps au pouvoir citoyen.

Chapitre 1 : Oxfam se mobilise pour dénoncer le traitement réservé à la société civile… et obtient gain de cause !

Le G7 de Biarritz s’est voulu « inclusif » selon Emmanuel Macron. Plusieurs mois avant le sommet, une série de réunions ministérielles ont été organisées, auxquelles nombre d’ONG dont Oxfam ont pu prendre part. Nous vous en dressions le bilan quelques jours avant l’ouverture du G7.

Les recommandations de la société civile restent lettre morte

Ce fût  donc la douche froide d’apprendre à quelques semaines du sommet que la présidence française du G7 de Biarritz limitait  l’accès de la société civile  au centre de presse, en n’autorisant que 10 places aux ONG, une première à cette échelle. Accréditer largement les organisations de la société civile telles qu’Oxfam est pourtant normal (25 organisations accréditées en 2018, 80 en 2017, 70 en 2016 et 2015). Il est incompréhensible et scandaleux qu’au moment le plus important, les portes se ferment devant les propositions émanant de longs mois voire de longues années de travail.

Une mobilisation concertée de l’ensemble de la société civile

Oxfam s’est mobilisée avec les organisations alliées, pour protester auprès de la présidence française contre ce traitement. Cette mobilisation était également dirigée contre les opérations de communication d’Emmanuel Macron, dont sa tentative d’instrumentalisation par le biais d’un déjeuner à l’Elysée le 23 août 2019, la veille du G7. Invitation que nous avons déclinée pour les raisons expliquées dans cette tribune : «Pourquoi Oxfam n’ira pas déjeuner à l’Elysée en amont du G7 ».

Finalement, après un boycott du déjeuner et une prise de parole commune d’organisations de la société civile, deux jours avant le sommet, l’Elysée concède et propose 30 places aux ONG. C’est ainsi qu’avec CARE, ONE, le Réseau Action Climat, Action contre la Faim, Coordination Sud, Equipop, nous avons finalement pu aller au centre de presse et jouer notre rôle d’analyse et de vigie citoyenne.

Chapitre 2 : Inégalités, changements climatiques, réformes fiscales, Oxfam rappelle les priorités du G7

Pour Emmanuel Macron, le G7 à Biarritz est l’occasion d’une grande opération de communication internationale. Pourtant, au regard de l’urgence de la situation – fossé grandissant entre riches et pauvres, dérèglement climatique, crise multiples dans la région du Sahel, inégalités hommes-femmes – l’heure n’est plus aux communications de façade.
Tout au long de ce G7, Oxfam a une nouvelle fois joué son rôle de vigie citoyenne. Là encore, Oxfam a déployé tout le panel d’actions à sa disposition.

Analyser la situation : Oxfam fait paraître un nouveau rapport sur la responsabilité du G7 dans la crise mondiale des inégalités

Deux jours avant l’ouverture du G7, Oxfam a publié son rapport « Les sept péchés capitaux du G7 ». Ce travail d’analyse et de recherche pointe du doigt la responsabilité des pays du G7 dans l’accroissement des inégalités au niveau domestique et  mondial.
Dans la tendance à l’accumulation extrême des richesses, les pays du G7 sont les rois : 926 milliardaires vivaient dans les pays du G7 en 2018, soit environ 40 % du total mondial et 45 % de plus qu’au début de la crise financière mondiale en 2008. Les pays du G7 – qui représentent 10 % de la population mondiale mais possèdent la moitié de la richesse du globe – ont surtout encouragé le développement d’un système inégalitaire qui permet aux multinationales et aux ultra-riches de contrôler les décisions politiques en leur faveur.
Pour Oxfam, le G7 est coupable de 7 péchés capitaux dans cette crise des inégalités :
  • La mainmise des grandes entreprises et des plus grandes fortunes sur les politiques publiques.
  • Des politiques fiscales marquées par des réductions d’impôts pour les plus fortunés et pour les grandes entreprises.
  • Des dépenses sociales négligées. Ce sont les femmes et les enfants qui paient le plus lourd tribut de l’insuffisance des dépenses publiques.
  • Une priorité donnée aux actionnaires, afin de maximiser leurs bénéfices.
  • Une responsabilité majeure dans la crise climatique et une absence d’action forte permettant de limiter la hausse des températures à 1,5°C.
  • Un soutien aux économies qui excluent les femmes.
  • Des promesses d’aide internationale non-respectées.

Oxfam au cœur de l’actualité médiatique lors du G7 de Biarritz

Les médias sont un relai essentiel dans l’action d’Oxfam, pour informer et alerter un large public et pour renforcer  la pression sur les responsables politiques.
Au G7, Oxfam a pu inscrire ses messages dans l’ensemble de la presse française, mais aussi dans les médias internationaux. En occupant la scène médiatique, Oxfam a pu jouer son rôle de commentateur critique de l’actualité en amont des communications des dirigeant-e-s du G7, mais aussi partager ses attentes publiquement, notamment auprès de la présidence française.
Ce travail médiatique, crucial pour appuyer les activités d’influence politique et de campagnes de mobilisation, a débuté lundi 19 août avec la matinale de France Inter, puis s’est poursuivi pendant le Contre-G7 avec des retombées médias importantes en particulier via les agences et la presse écrite : AP, l’AFP, Reuters, Libération, L’Humanité, La Tribune, etc. Oxfam a aussi été très présent à la télévision française et internationale : M6, Euronews, LCI, France 2, BFM, France 3, France 24, etc.

Au Contre-G7, Oxfam défend des alternatives pour une économie plus humaine

Le Contre G7, à Hendaye et à Irun, était le moment le plus important pour la société civile. Grand forum des alternatives, il a permis de mobiliser des milliers de militants et de militantes autour de conférences et d’échanges sur les solutions concrètes à mettre en place pour répondre à la crise des inégalités.

Nicolas Vercken, Directeur du plaidoyer et des campagnes, ainsi que Cécile Duflot, Directrice générale d’Oxfam France, ont pris part à ces conférences. Ils y ont développé les propositions d’Oxfam en faveur de la justice fiscale, pour la fin de l’utilisation des énergies fossiles, ainsi que sur le rôle de la société civile pour porter les changements nécessaires.

Chapitre 3 : les militant.e.s d’Oxfam au rendez-vous du Contre-G7 pour porter la lutte contre les inégalités

Outre une petite « délégation » Oxfam France et Oxfam International, de nombreux bénévoles des groupes locaux d’Oxfam France avaient également fait le déplacement, pour porter auprès du public du Contre-G7 les demandes d’Oxfam et l’inviter à se mobiliser en faveur de la justice sociale, climatique et de la solidarité internationale.

Pour la première fois, le « OxVan », nouvel espace itinérant de rencontres, de mobilisation et d’actions, était de sortie. C’est sous son auvent que les bénévoles et le public du Contre-G7 ont échangé, pour agir ensemble en faveur d’un monde plus juste, durable et solidaire.

Rencontre entre les bénévoles d'Oxfam France et le public du Contre-G7, devant l'OxVan ! Crédit : LGeai / Oxfam
Rencontre entre les bénévoles d'Oxfam France et le public du Contre-G7, devant l'OxVan ! Crédit : LGeai / Oxfam

Les bénévoles d’Oxfam étaient également présent-e-s au cours de la grande marche des alternatives, organisée par les organisations du Contre-G7. Samedi matin, sur un parcours de 4km entre Hendaye et Irun, c’est une solidarité aux milles couleurs, des modèles de sociétés marquées par la solidarité et la justice, qui ont défilé pour rappeler aux dirigeant-e-s du G7 qu’un autre monde est possible.

Le public mobilisé en ligne pour dire à Emmanuel Macron « #TimeToBeBrave » !

Puisqu’il n’était pas possible pour tout le monde de se rendre au Contre G7, Oxfam a développé une campagne en ligne permettant au public d’interpeller Emmanuel Macron, qui présidait ce G7, afin de l’inciter à défendre des mesures fortes contre les inégalités.

La campagne #TimeToBeBrave avait un message simple, et pourtant essentiel : contre les inégalités, moins de paroles, place aux actes !

Au total, plus de 8200 internautes se sont rendus sur le site timetobebrave.org. C’est autant de personnes et de voix pour dire au Président : nous attendons des actions !

Chapitre 4 : Un G7 qui ne prend que peu d’engagements face à des enjeux majeurs

La crainte d’Oxfam avant l’ouverture de ce G7 à Biarritz s’est avérée exacte : malgré l’ampleur des crises et l’urgence de la situation, que ce soit en matière d’inégalités, de changements climatiques, de solidarité internationale ou de droits des femmes, les quelques mesures annoncées ne sont pas à la hauteur.

Les dirigeants du G7 ont multiplié les beaux discours pour alerter sur la gravité des inégalités qu’ils créent et aggravent eux-mêmes en étant laxistes et complices d’un système économique inégalitaire. La promesse faite d’avoir un agenda féministe au G7, ambitionnant de suivre la présidence canadienne de l’année dernière, n’a abouti que sur des initiatives limitées.

Aucun engagement ambitieux n’a été pris pour réformer le système fiscal international, ce qui aurait pourtant permis de lever des recettes fiscales nécessaires à l’investissement dans les services publics : éducation, santé ou protection sociale.

Alors que le Sahel, une des régions les plus pauvres du monde, a été présenté comme une des priorités du sommet du G7, la France a totalement échoué à mobiliser les pays les plus riches du monde sur une nouvelle initiative et n’a été en mesure de ne présenter qu’un vague partenariat franco-allemand principalement centré sur des questions sécuritaires. Oxfam déplore que seulement 1% de l’aide publique au développement des pays du G7 soit dirigé vers le Sahel.

Certes, nous nous félicitons des annonces financières de la France qui reconnait l’importance du Fonds vert pour le climat mais la France doit poursuivre dans cette direction en améliorant la qualité de ses financements climat nationaux – et en augmentant notamment la part dédiée à l’adaptation au changement climatique.

Retrouvez ici notre communiqué final « Réaction d’Oxfam au G7 : gros joueurs, petits bras ».

Si les résultats finaux du G7 sont décevants au regard des enjeux politiques et économiques, nous nous réjouissons de la force et de l’unité de la mobilisation citoyenne qui, des accès au centre de presse à l’organisation de son Contre-G7,  a été décisive pour représenter les préoccupations de la société civile et défendre son rôle de contre-pouvoir.  Nous avons fait entendre la voix de toutes celles et ceux qui pensent qu’une économie plus humaine et un monde plus durable et solidaire est possible.

Après ce sommet qui l’a mobilisée, Oxfam poursuivra son action  pour redire que les inégalités ne sont pas une fatalité, elles ne sont que le résultat de choix politiques et économiques.

Prochain chapitre : une rentrée placée sous le signe du pouvoir citoyen !

La rentrée est d’ores et déjà ponctuée de grands rendez-vous !

La mobilisation citoyenne se poursuit en faveur de la justice climatique, avec une grande semaine de mobilisation mondiale, du 20 au 27 septembre. En France, Oxfam, les organisations partenaires de l’Affaire du Siècle et l’ensemble de la société civile vous donnent rendez-vous le 20 septembre pour une nouvelle journée de grève mondiale portée par la jeunesse et le 21 septembre pour défendre l’action climatique dans les rues de France et du monde entier.

Oxfam se mobilisera en parallèle lors de l’Assemblée générale des Nations-Unies afin de poursuivre son travail autour des financements climat, alors que de nouveaux engagements ont été formulés par Emmanuel Macron lors du G7. Ces financements sont essentiels pour soutenir les pays les plus pauvres à s’adapter aux changements climatiques et à y faire face.

Enfin, comme chaque année, qui dit rentrée, dit ouverture des débats à l’Assemblée nationale autour du budget de la France pour l’année à venir (à travers le projet de loi de finances). Les décisions budgétaires prises disent beaucoup des choix, des priorités de la France et des actions qui seront réellement mises en place. Oxfam fera de nouveau pression pour que la solidarité internationale ne soit pas oubliée et que les décisions fiscales ne soient pas source, de nouveau, d’aggravation des inégalités.

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