« On aide les plus vulnérables à s’organiser face à l’État »

Fousseyni est un jeune activiste malien. Sociologue de formation, il lutte contre les violations des droits humains et l’expropriation des terres.

Voulant s’engager avec la société civile, il rejoint lors d’un stage la Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement Mali (CAD). « J’ai commencé à travailler sur la politique de gratuité des services de santé pour les enfants de moins de 5 ans. » C’est dans ce cadre qu’il découvre la situation des agriculteurs expropriés.

« J’ai vu des paysans perdre des terres qu’ils exploitaient depuis 50 ans, car l’Etat les avait cédé à une multinationale. Un paysan qui perd ses terres devient très vulnérable, il doit travailler avec le reste de sa famille pour d’autres exploitants en tant que journalier. Les enfants ne vont plus à l’école. J’ai vu des familles souffrir. Ça m’a mis les larmes aux yeux. »

Crédit photo : Oxfam / Sylvain Cherkaoui

Depuis, Fousseyni lutte contre l’expropriation des terres par des investisseurs privés et des entreprises de l’Etat. Son principal défi est d’informer et de former, pour que ces personnes puissent se défendre. Il leur enseigne les outils que proposent les lois, souvent méconnues par les victimes. « Je fais des formations de sensibilisation, des plaidoyers pour que les plus vulnérables puissent se défendre. »

Ce sont les femmes qui sont les plus touchées. D’après la loi malienne, elles ont le droit d’être propriétaire, mais en pratique ce n’est pas respecté. Une femme qui se marie rejoint la famille du conjoint, parfois dans un autre village, donc la terre ne lui appartient pas et s’il meurt, les droits reviennent au premier fils. Fousseyni appuie à la création de réseaux d’associations pour créer une force locale. « On aide les plus vulnérables à s’organiser pour faire face aux services de l’Etat. »

Fousseyni, super héros du Sahel

« On aide les plus vulnérables à s’organiser pour faire face à l’État »

L’agriculture au Sahel

Le secteur agricole est très important dans les pays sahéliens, où la majorité de la population habite en milieu rural et dépend de l’agriculture et de l’élevage pour vivre. Ce secteur représente 25 % du PIB des pays sahéliens, mais le milieu rural concentre aussi la plus grande pauvreté et une population très vulnérable aux chocs climatiques, politiques ou économiques.

Si les femmes représentent autour de 40 % de la main-d’œuvre agricole au Burkina Faso, au Mali ou au Sénégal, et qu’elles jouent un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire des ménages, elles représentent moins de 10% des propriétaires de parcelles agricoles et ont considérablement moins accès aux ressources.

Le secteur agricole est un levier d’action clé pour lutter contre les inégalités en milieu rural et les politiques doivent agir plus fortement par des politiques agricoles et d’élevage ambitieuses et justes et favoriser l’accès des femmes à la terre.

Pour tout comprendre de la situation au Sahel voir notre page dédiée au sujet.